DEMOS

À l’origine, il y avait un continent uniforme créé par deux divins, Andros et Clythie. Ces dieux créèrent les hommes et les aimèrent tant qu’ils renoncèrent à leur immortalité pour engendrer leur propre chair. De cette union immortelle naquirent trois enfants : Césaré, Pallas et Artos.

Césaré, l’aîné, était le plus puissant et le plus orgueilleux. Bien que mortel, il hérita de pouvoirs incroyables. Il pouvait manier le soleil, le feu, charmer et guérir. Pallas, la plus sage, préféra développer ses dons pour comprendre les autres. Elle s’intéressa aux art, à l’éducation, à tous ce que les hommes pouvaient créer de leurs mains. Sa sagesse servit de médiatrice entre Césaré et leur plus jeune frère, Artos. En effet, Artos, en plus d’être le cadet était aussi le plus valeureux et le plus colérique. Son caractère, opposé à celui de Césaré, amena toujours du conflit entre les deux frères.

Lorsqu’ils eurent vécu leur temps mortel, les parents de la fraterie décidèrent de retourner aux cieux et de léguer à un de leur enfant la régence de cet univers, appelé Demos.  Pour cela, ils indiquèrent à leurs enfant que le plus ingénieux d’entre eux, celui qui démontrerait la plus grande force d’esprit pour le peuple, hériterait du trône.

Césaré fit tomber sur la terre des gouttes de soleil, pour les transformer en or et en pierres précieuses, afin de faire découvrir au peuple la beauté, la délicatesse, l’art de vivre. Surtout, ainsi parés, ils ne manqueraient jamais de rien. Pallas, elle, offrit au peuple des savoirs inégalés. Elle leur appris la peinture, l’astronomie, les sciences, encouragea les hommes dans leur quête de savoir, afin qu’ils puissent comprendre par eux-mêmes le monde qui les entouraient. Pour finir, Artos se mélangea lui aussi aux hommes et leur a appris les bénéfices du travail de la terre, mais leur appris aussi à se défendre, à travailler le métal.

Au terme de leur défi, les deux parents divins se rendirent à l’évidence, chacun de leur enfant avait témoigné d’une grande ingéniosité et avait offert aux hommes des dons égaux en importance. Ils décidèrent donc de partager leurs terre en trois parts égales, pour que chacun de leurs enfants règnent. La fratrie remercia leurs parents, mais ruminèrent en secret sur cette victoire, qui n’en était pas une.

Césaré était persuadé que son frère et sa sœur n’avaient pas l’étoffe de roi et de reine, qu’ils ne sauraient pas guider les hommes. Artos se savait être le plus valeureux et l’idée que Césaré accède au pouvoir l’horrifiait. Pallas, quant à elle, savait que le comportement de ses frères et leur impétuosité risquerait de nuire aux hommes plutôt que de leur servir.

Lorsque les parents s’en allèrent, une guerre intestine éclata entre Césaré et Artos. Pallas, voyant que la situation allait rapidement s’envenimer, choisi les plus sages, les plus intelligents et les plus doux des hommes pour les emmener sur son royaume. À l’aide de ses pouvoirs, elle décrocha sa terre et en fit une île. Elle garda son île dans une brume afin que ses frère n’y aient pas accès et pour que les hommes soient à l’abri de ces confrontations.

Les autres hommes malchanceux subirent les affres de la guerre entre Césaré et Artos. Les forces se déchaînèrent, les pouvoirs terrestre d’Artos ébranlèrent le continent et ceux de Césaré l’asséchèrent. Au terme de la plus grande des batailles, Artos fissura le continent en deux. Ainsi, Demos prit la forme que nous connaissons aujourd’hui, et le désert de Faller fut créé.

Les deux divins, semi-mortels, avaient chacun une famille et chacun un enfant, qu’ils avaient désigné pour être leur Béni. Par ce fait, ils leur avaient transmis une partie de leurs pouvoirs. Ces Bénis, voyant que la guerre ne faisait que déchirer les hommes autant que la terre, et que les divins ne s’arrêteraient pas tant que l’un serait mort, partirent à la recherche de Pallas pour trouver de l’aide.

Pallas observait la guerre et elle vit les Bénis venir à elle. Elle reconnut leur sagesse et leur volonté de mettre fin à la guerre, alors elle leur ouvrit le chemin vers son île et ensemble, ils réfléchirent à un moyen d’arrêter leurs pères. Pallas créa une potion qui rendrait leur immortalité à elle et à ses frères. Ainsi, ils ne pourraient plus avoir d’emprise sur Demos qu’au moyen de leurs Bénis, mais leur guerre fraternelle s’arrêterait. Ce sortilège, ou potion selon les versions de la légende, furent administrées à Artos, puis à Césaré, les exilant ainsi dans une dimension parallèle. Parce qu’elle était indissociable de cette triade, Pallas bu elle-même la potion et s’en alla rejoindre ses frères, non sans avoir elle-même désigné un Béni parmi ses enfants.

Les enfants des divins se partagèrent Demos comme Clythie et Andros l’avaient voulu et leurs descendants régnèrent sur ces trois empires. Pendant mille ans, les divins ne désignèrent pas de nouveau Béni, ce qui aurait amené de nouveau une énergie puissante au sien d’une lignée. Jusqu’au début de l’intrigue, en tous cas…